Dans un film, qu’un épais manteau blanc et moelleux recouvre de délicieuses petites maisons aux mille loupiotes éclairées, cela paraitrait… normal pour une telle période de fin d’année. Certains habitués de la critique facile signaleraient quand même, et peut-être bien qu’ils auraient raison, que c’est un peu tôt pour embellir le balcon du rêne au nez rouge, et qu’avant ce fameux 25 décembre, il y a le mois de Novembre à terminer, et le mois de Décembre à entamer. Mais pour Mimi, et qu’importe si c’était son vrai nom, c’était juste beau, voire magnifique ou splendide, ou merveilleux. Oui, merveilleux, vous savez, ce petit côté merveilleux des contes, celui qui réchauffe quand, blottis sous quelques couches de couvertures, on prend plaisir à re-parcourir les grandes pages jaunies de ce vieux livre corné mais qui sent encore la cannelle et l’orange de l’année précédente.
C’en était magique. Les flocons, pareils à des boules de coton qui descendaient dans un ballet ininterrompu renforçait l’impression que le temps c’était arrêté, cédant à cette danse de Mère Nature. Et Mimi appréciait, dans une émotion presque naïve qui faisait rougir ses joues et étinceler ses yeux. Parfois la buée que provoquait sa lente respiration sur la fenêtre à moitié givrée venait troubler sa vision, mais rendait la scène encore plus surréaliste, brouillant ça et là quelques pixels de ce monde froid de dehors. On croyait presque entendre le tintement d’un carillon.
La rue était déserte bien sûr. Les lampadaires venaient de s’éveiller et quelques courageux insectes venaient tournoyer autour de leur tête tels des électrons autour de leur noyau. A peine le grésillement plaintif d’un néon rouge défectueux sur la palissade du voisin venait troubler cette quiétude hypnotique. Au bout du quartier, on pouvait apercevoir une voiture se mouvant avec peine sur cette neige aux reflets artificiels, comme impuissante malgré toute la technologie qu’elle pouvait emporter face au brio de quelques gouttes d’eau cristallisées.
Parfois tout cet enchantement se troublait, les mouvements devenaient moins fluides, les couleurs moins nettes. Mimi plissait alors les yeux pour distinguer encore quelques secondes de ce doux et froid bonheur.
Mais il était l’heure, et d’un clic devenu presque automatique, Mimi fermait la fenêtre. La neige, ce ne serait encore pas pour cette année, la buée sur la fenêtre non plus d’ailleurs. De toute façon, à sa fenêtre, Mimi avait des barreaux.
Ceci est ma participation à un jeu d’écriture, sur le conseil de Detoutderien, sur le dessin de Marlène, organisé par le blog a1000mains 😉