Archives de Tag: liberté d’expression

Zidane/Alévêque : le match !

Zidane a porté plainte contre l’humoriste Alévêque pour atteinte à la dignité de la personne (même si la plainte officielle comporte encore plus de termes).

Le procès aura lieu en 2012. Bien. Regardons ce qui a été dit.

« Ce mec est un panneau publicitaire qui a trois neurones, qui nous a fait perdre la Coupe du monde 2006. Qui, maintenant, profite de son image à outrance. Pour moi, c’est une forme de prostitution. Ce mec est une p… ! Ecris le ! L‘image qu’il véhicule pour les jeunes de banlieue… Il ne fait rien, il prend du fric. Il n’a aucun avis sur rien, ne prend aucune position sur rien. C’est un mec totalement lisse qui ne veut se mettre personne à dos pour récupérer un maximum de pognon. C’est d’un ennui profond quand il parle… »

Ce mec est un panneau publicitaire : vu la notoriété de la personne, il y avait toutes les chances que ça se passe comme ça.

Qu’il ait trois neurones, c’est difficilement vérifiable.

Il nous fait perdre la coupe du monde 2006 : peut-être, mais il sort en beauté faut-il dire ! 🙂 et puis il y Trezeguet aussi 🙂

Louer son image pour la publicité, à ce niveau là, c’est peut-être une forme de prostitution moderne oui. D’autant que le coup avec le Qatar, et la thune qu’il a dû se faire…

Le reste, à propos de l’argent, c’est fort possible que ce soit vrai, en tout cas, Zidane n’est pas connu pour son engagement politique, ni en faveur des jeunes des banlieues, enfin je ne crois pas. Par contre, n’oublions pas qu’il est le parrain d’ELA (lutte contre les leucodystrophies) et ambassadeur de bonne volonté pour le programme de développement des Nations-Unis (oui je pompe Wikipedia un peu).

J’en conclus qu’Alévêque n’a pas totalement tort, voire il n’a pas tort du tout, c’est dans la manière que ça bloque, forcément. Mais je compare avec ce qui peut se dire en politique, je ne trouve pas cela choquant. Au nom de la liberté d’opinion et d’expression, je souhaite qu’Alévêque ne soit pas condamné pour ce qu’il a dit, et ce malgré tout le respect que j’ai pour Zinedine Zidane. Et puis, Alévêque s’est excusé.

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Le Front National est-il le grand méchant loup ?

A chacun sa vague

Depuis le résultat du premier tour des Cantonales, on voit fleurir un peu partout maintes réactions de peur vis à vis du FN. Je me suis toujours intéressé à ce parti pour cette raison : les tabous et la méfiance qu’il y avait autour.

On entend donc tous les ténors de la classe politique, de la Gauche, du Centre et même de la Droite puisque Fillon y est allé de sa petite consigne de vote qu’il faut absolument faire barrage au Front National.

Et je me demande bien pourquoi.

Pourquoi faudrait-il faire barrage à un parti qui représente 15% des citoyens votants ? Pourquoi faudrait-il faire barrage à un parti, quelque qu’il soit, d’ailleurs.

Si les discours étaient purement stratégiques, comme une espèce d’entente entre l’UMP et le PS pour se garder les fesses au chaud sur le trône, ce serait acceptable, pas très moral mais logique et acceptable. Mais les discours que l’on entend vont au delà de ça, ils décrivent le FN comme un parti anti-républicain, comme un parti de fascistes, comme le Mal incarné.

Je partage l’avis de Robert Ménard, fondateur de Reporters Sans Frontières et défenseur de la liberté d’expression et d’opinion, qui critiquait sur le plateau d’Itélé ce mépris de la classe politique.

J’ai recherché sur Wiki ce qu’était une République, le sens a bien évolué depuis nos amis de l’Antiquité, ça devient un synonyme de démocratie. En tout cas, je n’ai rien vu qui faisait passer le Front National pour un parti anti-républicain. La définition du Larousse est un peu plus éclairante :

Forme d’organisation politique dans laquelle les détenteurs du pouvoir l’exercent en vertu d’un mandat conféré par le corps social. (En ce sens « république » s’oppose à « monarchie », mais ne se confond pas avec « démocratie », dans l’hypothèse, par exemple, d’une restriction du suffrage.)

Je ne crois pas que le FN veuille enlever les élections, je ne crois pas qu’il demande les pleins pouvoirs, ni qu’il veuillesupprimer les assemblées. Je crois qu’il n’est ni anti-démocratique, ni anti-républicain.

Je crois que ce qui va à l’encontre de nos valeurs par contre, de notre liberté d’opinion politique, ce serait de forcer les gens à faire barrage au Front National, c’est essayer de faire taire un parti, d’étouffer des idées politiques, par peur que les gens puissent y adhérer.

Président du Groupe Socialiste à l'AN

Ce qui est irresponsable, c’est d’avoir des leaders politiques qui refusent d’accepter l’opinion du peuple. Appeler à voter blanc si aucun des deux partis ne nous convainc, c’est accepter que son opinion n’était pas celle de la majorité des votants. Que l’on vote contre une personne parce qu’on pense effectivement qu’elle ferait beaucoup de mal à notre département, c’est honorable, mais ce n’est pas aux leaders politiques de le dire, eux doivent lutter pour leurs idées, pas contre les idées des autres, à mon avis, et surtout pas de cette manière qui esquive la discussion et le débat pour se vautrer dans les phrases faciles et toutes faites, surtout pas dans cette propagande qui vise à discréditer un autre parti politique.

La vague bleu marine me semble beaucoup moins destructrice que celle qu’ont connue les Japonais, sachons l’affronter tout autant honorablement.

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Un mot de sympathie aux blogueurs Tunisiens, mais aussi aux autres

C’est dans mes cordes, et c’est dans ces termes que m’invite le Grumeau a témoigner mon soutien aux blogueurs Tunisiens.

Le problème, c’est que je ne sais pas qui sont ces blogueurs, j’ai beau lire des articles comme celui-ci, je ne vois que des témoignages de blogueurs qui m’ont l’air tout  de même bien libres.

Alors je vais surtout apporter mon soutien à la Tunisie, à sa jeunesse et à sa population, qui vit sa 1789 à elle. Rappelons que tout a commencé par l’immolation de ce jeune diplômé chômeur comme il y en a tant en Tunisie, le 17 Décembre, à Sidi Bouzid. La Tunisie, par cet homme, est passée à la seconde étape de l’expression de son malheur social.

Car il faut savoir que là-bas, la vie n’est pas rose. Le système éducatif est plutôt bon quoique le niveau pour obtenir les diplômes ait été volontairement rabaissé (pour plaire au plus grand nombre) et plusieurs dossiers montrent que c’est un pays qui s’en sort très bien dans cette Afrique.

Mais les diplômés n’ont pas de travail. Et pour cause, la Banque Mondiale rappelle que la majorité des activités du pays ne demandent que peu de qualifications alors forcément ça bloque. Et depuis quelques semaines, ça bloque encore un peu plus. Cette quasi-dictature imposée par le Président Ben Ali dans ce pays au parti presqu’unique commence à agacer. Alors voilà, la fougue de la jeunesse, la naïveté du jeune âge, ont poussé les jeunes à aller dans la rue, rejoints par le reste de la population : la Tunisie se révolte.

Que fait donc l’Etat pour résoudre le problème ? Tir à balles réelles dans la foule, tuant un peu tout ce qui se trouve devant la trajectoire de ces petits cylindres métalliques. Prouvant aux dubitatifs que la situation qu’ils connaissaient était bien orchestrée par un gouvernement qui n’accepte pas qu’on puisse le remettre en cause. La Tunisie vivait une sorte d’équilibre instable, il ne fallait qu’un petit évènements, une immolation par exemple, pour que tout foute le camp.

Que demande le Peuple ? Liberté, égalité ! La première figure déjà dans leur devise, aux côtés d’Ordre et de Justice. Mais vu la censure croissante que connaissent les internautes depuis le début de la révolution, on peut se demander s’ils l’ont eue un jour. Quant à l’égalité, il ne suffisait que de voir comment étaient attribués les boulots, de voir qu’appartenir au parti presqu’unique permettait d’avoir un boulot, qu’être un amis du pouvoir permettait d’être au dessus du système.

Voilà, pourquoi je les soutient, ces Tunisiens, parce qu’ils se battent pour les mêmes raisons qui ont poussé les sans-culotte à flinguer la Monarchie. Je ne serai pas contre que la France leur apporte son soutien aussi, mais je ne crois pas que ce soit son rôle, et puis, il faut leur laisser leur Révolution, leur fierté de se battre pour leur pays, en espérant, qu’ils gagneront.

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Une certaine idée du vote

Mon précédent billet m’a fait ouvrir les yeux. Les sympathisants du PS acceptent mal qu’il y aient « des » Gauches en France. Peut-être verra-t-on la même chose avec la Droite, puisque que ça commence à bouger de ce côté là (à la prochaine Rama Yade 😉 ).

Désolé si je n’y vais pas avec le dos de la cuillère, mais les commentaires de Steph et du Coucou sont assez explicites :

« Il laisse comme c’est le cas depuis au moins 2002, trop de place aux petites formations quand les partis dominants sont faibles » – Steph

C’est fou de lire ça. Si le parti « dominant » est faible, c’est peut-être qu’il est pas dominant du tout. Arrêtez de vouloir un PS qui chaperonne la Gauche. Mélenchon a son mot a dire, les Écolos aussi, et ça m’étonnerait que les Cocos se rangent derrière la Rose (demandons à GdC ce qu’il en pense). Oui ce mode de scrutin permet à des gens de donner leurs idées, et évite qu’il y ait un ogre de chaque côté de la balance (ce qu’on retrouve trop souvent). Vouloir un second tour UMP-PS, c’est avoir bien peu de respect pour ce pays, on connait ces deux formations, si vous voulez des matchs nuls sans intérêts, regardez la Ligue 1 😉

Aujourd'hui, la démocratie c'est deux loups et un agneau qui votent pour le repas du soir

 

« D’accord avec Nicolas et Stef, le vote utile est justifié par la multiplicité des candidatures, qui peuvent se révéler dangereuses quand on vote au premier tout selon son cœur plutôt que pour le candidat (de gauche en l’occurrence) qui a les meilleures chance. » – Le Coucou

On ne vote pas avec son coeur, on vote pour ses opinions. Et être de gauche ne veut pas dire soutenir le PS, aimer le PS ou être socialiste. Les calculs stratégiques nuisent énormément à la démocratie. Ce n’est plus la volonté du peuple qui sera représentée alors, ce sera le résultat d’un calcul visant à asseoir une puissance politique. Je peux comprendre que vous ayez à coeur de gagner une élection, mais faites le dans les règles.

« Ce qui fait que l’on vote par défaut au second tour. Comme ce fût le cas lorsque nous fûmes obligés de voter Chirac contre Le Pen. » – Steph

Tu votes par défaut parce que ton opinion, le candidat que tu soutenais, étais loin de faire l’unanimité en France, c’est tout. Si Jospin avait séduit 30% des Français, il aurait été au second tour, ça n’a pas été le cas. Les deux candidats qui représentaient le mieux la France à cette époque, ou qui ont convaincu le plus de Français en 2002, étaient Chirac, puis Le Pen. A vous de voir au second tour (qui là peut être stratégique), qui vous voulez ou ne voulez pas comme président.

Par contre, l’idée de Nicolas me parait sensée. Voter pour une liste. Mais je préférerais que les Français puissent décider de la personne qui les représentera à l’étranger, et pas indirectement. Nous pourrions voter pour des listes, la tête de liste devient président, les autres (avec le système du scrutin de liste) forment un parlement qui élit le gouvernement. Quelque chose du genre ne me déplairait pas. Et permettrait aux petites formations, si elles font un score suffisant (on pourrait fixer un pourcentage au delà du quel elles ont au moins un élu), de glisser des personnes dans cette assemblée et donc de participer au choix du gouvernement.

Voilà ce que j’en dis, à 8h49, un jour de repas de Noël à l’INSA, en attendant l’interro…

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Absolument dé-bor-dée, ou le paradoxe de Zoé Shepard

Il m’aura fallu une petite semaine pour venir à bout des 301 pages (remerciements compris) du futur best-seller de Zoe Shepard (3eme du top des ventes de cet été pour l’instant).

Avant de vous dire ce que j’en ai pensé, il est utile de vous dire d’abord pourquoi je l’ai acheté. Vous savez Zoe Shepard, c’est cette fonctionnaire qui après publication de ce livre, devrait se faire virer 2 ans de la fonction publique parce que c’est pas gentil du tout de critiquer les fonctionnaires, qui rappelons le, sont si ce n’est ceux qui bossent le plus en France, au moins ceux qui font le plus parler de leur petite personne.

zoe shepard

Bref, il y avait eu des réactions dans les blogs, forcement contre cette condamnation ressemblant fort à un dérivé de censure (et faisant bien comprendre aux prochains qu’il leur arrivera la même chose s’ils avisent de faire part à leur tour de leur étonnement vis-à-vis de nos système administratif, quoique vu le succès des livres, il pourrait y avoir de l’écho). J’étais contre cette condamnation, je voulais soutenir cette Zoé Shepard, et parce que ça coïncidait pile avec mon envie d’acheter un livre plus « politique » pour cet été, j’ai commandé ledit bouquin.

Absolument dé-bor-dée, ou le paradoxe du fonctionnaire, de Zoé Shepard donc, raconte, si je m’en tiens à la 4me de couverture, les tribulations d’une nouvelle venue dans le monde des fonctionnaires où « incompétence rime avec flagornerie », où les réunions servent à tout sauf à prendre des décisions et où son rôle se limite plus à jouer les « G.O. pour délégation étrangère » qu’à s’occuper de quelque dossier qui pourrait faire avancer le monde dans le bon sens.

couvLes premiers chapitres – ce n’est plus la 4eme de couv’ qui parle – racontent effectivement avec humour son étonnement quelque peu teinté de désillusion en arrivant dans son service et les affaires dont elle doit s’occuper, surtout après 8 années à avoir étudier des bouquins gros et indigestes comme des dictionnaires et passé un oral encore plus stressée qu’une collégienne. Il suffit que l’on ait eu une seule petite fois recours aux administrations pour je ne sais quel papier, je ne sais quelle procédure, ou je ne sais quel document à renvoyer, pour qu’on s’attache immédiatement à ce personnage très critique qui nous conforte dans les préjugés qu’on avait de l’organisation desdits services, comme par exemple que « Dans la fonction publique territoriale, c’est le décolleté qui doit être rempli, pas le CV » ou « Nos impôts financent les putes de nos élus ». (Faire des phrases longues permet de se mettre en valeur en se donnant un brin de professionnalisme, très pratique pour donner de la crédibilité à une critique).

Ce sont ces premiers chapitres que j’ai préféré, lorsqu’on rencontre la faune atypique des bureaux d’une mairie, toujours décrite avec cet humour un peu limite, plus proche d’un Guillon que d’un La Fontaine. On s’imagine parfaitement les scènes, Zoé nous parait être seule dotée de logique, ce qui nous permet de s’identifier à elle plus qu’à un autre (le personnage de Coconne est forcément moins attirant). On enchaîne les pages, sous forme de carnet de bord, jour par jour, avec une facilité de lecture appréciable (chercheurs de métaphores poussées, passez votre chemin).

Le style correspond tout à fait à celui d’un blog (dans les Remerciements, j’ai appris qu’elle tenait justement un blog). Je pensais souvent à celui de Princesse Soso pour cette raison, retrouvant le même fond et la même forme (je me suis même demandé si Princesse Soso n’était pas Zoé Shepard, mais l’une est prof, l’autre administratrice territoriale…).

C’est après une centaine de pages (ou un peu moins, ou un peu plus, vu que je donne le nombre au pif) que le style s’essouffle, comme s’il avait donné tout ce qu’il pouvait. Les anecdotes paraissent plus romancées, les dialogues plus retouchés, ça respire moins le vrai ! (L’arrivée du Bizut ne fait que renforcer cette ambiance synthétique aux arômes artificiels). S’ajoute à cela la mauvaise foi de Zoé, qui nous amusait au début, mais qui là se fait de plus en plus présente et forcée. Toute la compassion qu’on pouvait avoir pour elle se dilue dans un sentiment plus réservé, et on se demande si la brave Zoé n’en rajoute pas beaucoup, beaucoup trop. (Pour se défendre, elle fait même énoncer ce sentiment par un des personnages, Michelle, du genre « Zoé ! Personne ne trouve grâce à vos yeux… ». C’est tellement léger que ça sent la prévention histoire de réfuter les possibles connards de mon espèce qui penseront que c’est peut-être elle le problème.)

Voilà comment l’on termine le livre, avec tout de même un départ pour un projet humanitaire au Mali pour Zoé. Cette pauvre fonctionnaire qui n’avait pas réussi à accepter de faire semblant de travailler. Voilà le vrai paradoxe de ce livre, le paradoxe de Mlle Shepard : souhaiter devenir fonctionnaire et travailler.

« Mais c’est beau quand même » – Hubert Bonniseur de la Bath aka OSS 117, alias Jean Dujardin in OSS 117 Le Caire Nid d’Espions.

oss117

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