Archives de Tag: identité nationale

Parce qu’il faudrait en parler

Hommage de Charpi aux victimes de l'attaque de Charlie Hebdo #JeSuisCharlie

http://www.charpi.fr/

Le début de phrase qui revient le plus souvent, dans le chœur des pleureuses, c’est : « Il n’y a pas de mots pour… »

Eh bien, si, justement, il y en a. Mais attention : certains piquent un peu.

Je  ne savais pas du tout comment me lancer. Les hommages à Charlie Hebdo, aux victimes de cette attaque, relaient l’espoir que tous nous pouvons nous battre pour des valeurs communes. La liberté d’expression par exemple. Les premières phrases sont de Didier Goux, et sont à la fois les meilleures introduction et conclusion que j’aurais pu trouver.

Passé le choc de la nouvelle ce matin, j’ai eu quelques discussions sur le sujet. Sur Facebook et Twitter. Un ami rebondissait sur le bout de phrase « doit-on mettre les mains dans le problème du vivre-ensemble Français ? », se demandant si on ne faisait pas là le jeu des partis extrémistes ou même des terroristes.

Voilà ce que je disais :

C’est simple : est-ce qu’on considère que c’est un attentat qui n’a rien de propre à la France, qui vise purement et simplement Charlie Hebdo, et qui aurait donc pu tomber sur un autre pays vu que leur liste de personnes à abattre comporte des non-Français ;

ou est-ce qu’on voit comme l’arrivée, petit à petit, d’attaques qui trahiraient un vivre-ensemble défaillant (Merah, Dijon récemment), ce qui serait conforté par les réactions qu’on peut lire sur Twitter de sales gosses qui insultent Charlie Hebdo et disent que c’est bien fait, par provocation, bêtise, et sentiment qu’ils ne sont pas de ce pays.

[…]

Pourquoi choisir la France aujourd’hui si ce n’est parce que c’est un des pays les plus facilement attaquables du point de vue des difficultés d’intégration des autres cultures ? Les affaires s’enchaînent, sans être directement liées, mais conduisent inévitablement à la même issue, si l’on ne se décide pas à traiter le problème à la racine.

Le problème dont je parle à la toute fin, c’est celui dont il a été question sur Twitter lorsque je me suis étonné qu’on déclare « L’islam est insoluble dans la démocratie ».

moi : – Le pb n’est pas l’islam, le pb c’est qu’appelle-t-on « soluble » ?

lui :  – la réponse est très simple > Soluble : du latin solubilis « qui se dissout ».

– un islam qui se dissout, c’est un islam qui n’a plus d’existence propre non ? On le pulvérise au sens premier.

Ce que cette terrible attaque révèle, à mon goût, c’est que nous ne sommes d’une part pas d’accord sur ce qu’est l’intégration d’une culture étrangère sur notre territoire : que doit-on attendre de l’étranger ? Ou plutôt que sommes-nous en droit d’attendre ? Qu’est-il en mesure de nous donner ? Doit-il renier sa culture natale ou refuser la nôtre (bien entendu, la solution se trouve dans l’équilibre des deux) ?

Et d’autre part, notre classe politique doit se saisir du sujet, pleinement, sans tabous, sans détours. Je me rappelle cet argument durant la précédente campagne présidentielle, que je partageais aussi, et qui était de dire : « il suffirait de prendre le temps de répondre au programme économique du FN pour lui faire perdre tout crédit » et je me rends maintenant compte du danger qu’il y avait derrière. On leur donnait presque raison sur les autres facettes de leur programme, comme si elles n’étaient pas attaquables.

Hors aujourd’hui, pour ne pas céder aux extrêmes, c’est sur leur terrain de jeu principal qu’il faudrait jouer : parlons des arabes, des noirs, des juifs, des musulmans, de ce qu’ils apportent, de ce qu’ils doivent apporter, de comment ils doivent s’intégrer et de comment nous devons nous comporter.

Parce que des mots, justement, il y en a.

Hommage de Boulet aux employés de Charlie Hebdo #JeSuisCharlie

http://www.bouletcorp.com/

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Benzema, la victime à plaindre du racisme français

Karim Benzema Français Arabe

Il y en a qui ont une facilité à tout remettre sur le dos de leur origine que ça en devient lassant. Et même si le discours de Benzema dans cette entretien pour So Foot, relayé par le 20minutes, ne doit pas être des plus bêtes, il y a des phrases qui dérangent.

«Mes parents sont français, nés en France, après oui, mon sang, il est algérien, voilà.».

Qu’est ce que cela veut dire ? Je suis Français mais je ne l’assume pas ? Je suis Français de papier, mais algérien de coeur ? Si je ne doute pas de la sincérité du joueur de vouloir effectivement se battre en tant que Bleu, j’ai du mal à comprendre certaines de ces réactions.

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Le Droit de vote des étrangers, par le FN

Le sujet avait été lancé par les Socialistes, je m’en souviens vaguement. Enfin, le sujet a toujours plus ou moins été là, jamais vraiment abordé, jamais vraiment oublié. Le droit de vote des étrangers au élections municipales.

A première vue, j’étais contre. Les étrangers n’étant pas des citoyens de ce pays, ils n’ont pas à y avoir de représentants. Et puis j’ai lu cet article sur le site du Front National : une pétition pour s’opposer à ce droit de vote. Et puis j’y ai vu les arguments du parti. Et puis je suis devenu dubitatif.

« 1/ Depuis la Révolution Française, nationalité et droits civiques sont liés. Or, accorder le droit de vote aux étrangers serait un moyen détourné d’en faire des citoyens en leur octroyant un droit réservé jusqu’à présent aux nationaux, ce qui serait en contradiction totale avec l’esprit républicain ! »

Accorder le droit de vote n’en ferait pas des citoyens, ce serait juste ouvrir le droit de vote aux non-citoyens, point. Le fait que ce soit réservé aux nationaux aujourd’hui n’est pas un argument, ça s’appellerait le changement. La fin est très bizarre, elle coupe court à toute logique et tente de rallier les patriotes en utilisant le terme qui fait mal. Mais ça ne marche pas.

« 2/ L’argument consistant à dire que « puisque les étrangers payent des impôts, ils doivent pouvoir voter » est totalement fallacieux. En effet, il y a déjà une contrepartie aux impôts, ce sont les diverses prestations dont ils bénéficient (école, sécurité, santé, justice…) »

Bon là je suis d’accord.

« 3/ Le Front National est pour la souveraineté des peuples, et reconnaît le droit à tous les peuples de pouvoir décider de leur destin, les Français les premiers ! »

C’est ce point qui fait que je suis contre le droit de vote des étrangers. Bien sûr que vivant en France depuis des années, ils ont un avis, un point de vue, sur la gestion de leur commune, et que les décisions prises par le Maire les affecte directement, seulement… ils ont aussi le droit de vote dans un autre pays. Ils sont aussi engagés ailleurs. L’image vous paraîtra abusive, mais c’est comme si un marié épousait une autre femme parce qu’il aime les deux et qu’il ne veut pas faire de choix. C’est ce point qui me gêne, qu’ils puissent jouer sur deux tableaux différents, en sachant que ces deux tableaux peuvent parfois « se rencontrer ».

Le FN rajoute ce paragraphe qui illustre maladroitement leur argument.

« Les récentes élections tunisiennes en sont une parfaite illustration : si le droit de vote des étrangers était accordé, les Tunisiens installés en France auraient le droit de voter aux élections françaises alors qu’ils participent déjà aux scrutins de leur pays. Ils bénéficieraient donc d’un droit de vote supérieur à celui des nationaux français. »

Que veut dire un droit de vote supérieur ? Parce que ça se quantifie ? Comme je le disais, ce qui me dérangerait plus, c’est qu’ils engagent des intérêts dans un seul de ces deux pays et votent en conséquence dans le deuxième (en cas de conflit, ça serait problématique). C’est pour cela que rester à l’échelle municipale semble plus judicieux.

« 4/ Alors que l’identité française est constamment mise à mal, que tout ce qui soude les Français s’effrite peu à peu, on les force à partager un droit qui leur est commun et qui contribue à maintenir un sentiment d’appartenance à la nation française ! »

Si je suis plutôt d’accord avec ce point, je trouve la fin bizarrement formulée, comme si partager ce droit de vote rendaient les Français moins Français. Et puis ce droit de vote, c’est une manière de participer à la vie et à l’organisation de sa ville, c’est lui qui affectera indirectement la vie des habitants (étrangers y compris). Le sujet est compliqué.

Bref, (je vais me la jouer à la Romain moi aussi) je suis dubitatif quant au droit de vote des étrangers, et le FN n’a pas trouvé les arguments pour me convaincre.

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Double-nationalité : discutons-en

Ouest-France nous informe ce matin que Marine Le Pen aurait écrit aux députés (la lettre date du 30 Mai) pour leur demander d’abroger la possibilité d’avoir une binationalité. Peu de temps après les problèmes qu’avaient soulevés Laurent Blanc. Elle parle « d’atteinte à la cohésion républicaine » et que ces gens doivent faire « allégeance » à la France ou à un autre pays, pas les deux en même temps. La lettre entière est ici.

La déclaration est, comme le Front National et les Les Pen nous ont habitué, sans demi-mesure. Mais si je trouve le terme d’allégeance trop fort, je suis assez d’accord sur ce passage de sa lettre : « La multiplicité des appartenances à d’autres nations contribue aujourd’hui, et d’une manière de plus en plus préoccupante, à affaiblir chez nos compatriotes l’acceptation d’une communauté de destin, et par là-même à miner les fondements de l’action de l’Etat. ».

Là encore, communauté de destin est un peu fort. Je sais que nombre d’entre vous se moquent complètement de ces histoires d’identité, et pourtant, un des problèmes de la France me semble être le fossé entre plusieurs tranches de sa population. Au-delà des classes sociales si chères à certains, il existe des communautés trop fortes et trop distinctes dans ce pays, qui nuisent à la possible fraternité de notre devise. Comment être le frère de quelqu’un avec qui l’on ne partage rien, si ce n’est une nationalité sur un papier officiel ?

Marine Le Pen prend l’exemple, très juste à mon goût, des matches. « L’échec patent de la double nationalité s’est affiché jusque dans diverses rencontres sportives récentes, à la suite desquelles de jeunes Français binationaux ne brandissaient pas notre drapeau tricolore, mais la bannière d’une autre nation. Ces soirs-là, nombre de nos compatriotes furent légitimement choqués. »

Je sais aussi que vous vous moquez du drapeau, mais il reste un des symboles les plus forts d’une nation. Je n’ai pas été choqué quand j’ai vu ces autres drapeaux brandis, l’habitude sans doute, mais cela renforce cette impression qu’en France vivent plusieurs communautés à l’identité propre, qui ne vivront jamais ensemble, qui ne le veulent pas.

« Comptant sur votre bon sens et la sincérité de votre implication en faveur de l’unité nationale, je vous appelle à prendre en compte une évolution de notre droit qui rencontre aujourd’hui l’adhésion d’une large majorité de nos compatriotes, y compris et peut-être même surtout de nos compatriotes d’origine étrangère qui ont fait le choix de devenir français à part entière et de renoncer à leur ancienne nationalité. « 

Je pense qu’abandonner la double nationalité n’est pas abandonner son identité d’origine, c’est affirmer sa volonté de s’investir dans un autre pays. Cela ne coupe en rien les liens que cette personne peut avoir avec son pays d’origine. Par contre, cela l’engage plus fortement à défendre les valeurs françaises. Vous me direz qu’alors, ces personnes resteront attachées à leur origine qu’importe leur nationalité officielle, mais je pense que c’est un pas à franchir. Elles continueront de brandir des drapeaux autres que tricolores mais j’espère que petit à petit, cela contribuera à réduire ce fossé, et à permettre à la communauté française de s’affirmer comme la seule à exister dans ce pays.

La présidente du FN conclut ainsi « La France souffre de l’absence de débats sur les sujets essentiels que d’autres pays pourtant abordent de front, sur l’euro ou le libre-échange par exemple. J’espère que le débat sur la double nationalité pourra échapper à cette règle délétère. ».

Je ne sais si c’est un sujet essentiel, mais c’est un sujet qui a son importance. Et comme beaucoup, ils sont requalifiés de débats juste bon à faire parler des racistes. C’est dommage. On verra les réactions des députés, mais je pense qu’elles sont prévisibles.

Tabou taboo

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Ce qu’il se passera après le débat sur l’Islam, enfin la laïcité

Chateau de Voltaire, à Ferney-VoltaireSouvent, c’est un commentaire chez un confrère qui me fait rédiger un billet. Dès que ça dépasses quelques lignes, dès qu’on y met une idée, un argument, un point de vue, on se dit qu’on ferait bien d’étayer ça chez soi.

Guy a fait un billet sympathique sur le débat actuel que veut l’UMP, sur l’Islam ou la laïcité on ne sait plus trop. Je vous retranscris donc les commentaires avant d’approfondir la chose.

– Moi-même. perplexe « Mon avis a bien changé sur le tenue de ce débat. Quand on parlait à l’époque de débat sur l’identité nationale, je me réjouissais qu’enfin on s’inquiète de ce qui faisait qu’on puisse se sentir Français, et surtout, ce qui faisait qu’aux yeux d’un Français « traditionnel » un autre pouvait prétendre à cette nationalité. Dans notre pays, où la culture est forte, une nationalité va bien au delà d’un simple papier, dans un pays comme le nôtre ‘on vit Français’ et pas simplement ‘on vit en France’.
Je me réjouissais donc.
Et puis dernièrement, parce que le débat est parti sur la laïcité, sur l’islam, parce qu’il sert d’argument pour certains pour parler de stigmatisation, parce qu’il devient outil politique, j’abandonne de plus en plus l’idée qu’il puisse être utile.
Je me résigne donc à attendre que les tensions éclatent entre des groupes aux identités fortes, en sachant que ça fera mal, parce qu’il n’y aura pas eu de saines discussions… »

– Guy. « @ValLeNain

Je plussoie..

Par contre, je pense que la morale fera que les  »groupes aux identités fortes » feront la paix et que les tensions s’apaiseront.. avec la REPRISEéconomique!!! »

Je ne suis pas tellement d’accord avec lui. Je pense qu’en France, un peu comme Guéant mais en moins restreint, qu’il y a un réel problème avec la montée des cultures. Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Disons qu’il y a d’un côté la culture française, traditionnelle, celle pour laquelle tous les peuples du monde viennent visiter nos régions, celle pour laquelle les Hollandais et les Anglais achètent des baraques dès qu’ils trouvent un bout de terre en province ; de l’autre, il y a des cultures qui sont venues s’ajouter. Ne mâchons pas les mots, je pense que les populations arabes ont une culture forte, qu’ils ont amené en France, et que l’on rencontre aujourd’hui assez souvent. S’ajoute à cela cette espèce de culture universelle très américanisée qu’on tente de nous imposer comme la culture à adopter pour être in.

Comme je disais dans le commentaire, j’ai abandonné l’idée d’instaurer un débat sur la question, il y a des questions plus urgentes et ce débat n’a plus beaucoup de sens. Par contre, à l’inverse de Guy, je pense qu’une fois que seront réglées les autres questions (chômage,…), le choc de ces cultures va s’accentuer même si, intérieurement, j’espère que cela apportera la fraternité qu’arbore notre devise. Mais plus les gens iront bien, plus ils vivront leur culture pleinement comme ils le veulent. Et plus le fossé entre les membres de ces cultures s’accentuera.

Prenons l’exemple des Quik Hallal, affaire qui avait fait du bruit, elle a clairement montré l’attachement d’une partie de la population au respect des traditions françaises, au fait qu’en France les fast-food hallal n’ont pas leur place, qu’en France, tout restaurant peut servir du porc. En soit, qu’un restaurant se dise hallal parce qu’il se revendique tunisien ou algérien n’est pas un problème, qu’une chaîne se lance dans ce type de restauration pour cibler une clientèle particulière, là, ça ressemble à de l’adaptation à de nouvelles règles, de nouvelles coutumes.

J’ai lu un extrait d’article de Jürgen Habermas, philosophe allemand, qui disait ceci « Aujourd’hui, la thématique de la « culture de référence » ne repose plus que sur l’idée fausse selon laquelle l’Etat libéral devrait exiger plus de ses immigrés que l’apprentissage de la langue du pays et l’acceptation des principes constitutionnels ». Si, je pense que l’on est en droit d’attendre des personnes immigrées qu’elles fassent plus que d’apprendre la langue et la loi, je crois qu’elles doivent apprendre à vivre dans le respect de la culture et des traditions françaises, donc de les connaître.

Je ne dis pas ça pour faire de leur vie un cauchemar dans le pays qu’elles auront choisi, je ne dis pas ça pour qu’elles renient leurs origines, je dis ça pour l’identité du pays. Quand vous partez en vacances au Maroc par exemple, ce que vous appréciez, c’est d’y découvrir un pays du Maghreb, aux coutumes orientales. C’est, pour caricaturer un peu, de manger des tajines, de visiter des mosquées, de côtoyer ces gens qui ne vivent pas comme nous et d’apprécier cette architecture qui nous dépayse. C’est la même chose pour chaque pays : ce qui fait toute sa beauté, c’est sa culture, ses traditions, c’est la manière unique dont vivent ses habitants.

Voilà le problème qui risque d’arriver en France, que les habitants ne partagent pas la même culture, ne partagent pas cette même manière de vivre. En tout cas, c’est comme ça que je le vois. C’est comme ça que je le sens aussi quand j’en parle. C’est ce qui, si ce n’est faire peur, peut au moins faire grincer des dents. Et là, j’attends vraiment vos avis sincères, pas une copie de ce qu’il est bon de penser pour ne pas être mal vu.

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