Je viens de lire un billet de Gildan qui se met à la politique, et qui m’a fait réagir. Son billet était lui-même en réaction à un article des Echos que vous pouvez lire ici.
Il est question de l’apport de l’immigration pour la France, question d’actualité avec les récentes déclarations sur l’aménagement possible du contrôle aux frontières.
L’article commence par nous dire que la France est le plus vieux pays qui connait de l’immigration en Europe, cela a commencé début XXè avec 300 000 arrivants par an, aujourd’hui nous serions à 200 000 immigrés chaque année. A cela s’ajoute le fait que 100 000 Français partiraient soit un apport net de 100 000 habitants par an. Soit. Premier bémol tout de même, l’article nous parle d’« arrivées d’étrangers non communautaires » ce que je ne comprends pas du tout. Qu’est ce que des étrangers communautaires ? Et pourquoi ne les compte-on pas ?
Vient la question de Guéant « Pourquoi les Français ne se sentent plus chez eux ? ». S’il y a 200 000 nouveaux Français chaque année depuis 1920, les Français, qu’ils appellent natifs dans l’article, peuvent effectivement se sentir de moins en moins chez eux, non ?
Immigration et aides sociales.
« La France est l’un des pays développés les plus généreux en termes de protection sociale. Un atout, pour attirer les « talents » étrangers. »
Pourquoi serait-ce les talents qui seraient attirés par la protection sociale ? Je dirais plutôt que ce sont les gens dans le besoin et dans la pauvreté, mais bon…
Il est avoué que les immigrés (désolé si je raccourcis personnes immigrées en immigrés) sont les plus bénéficiaires des aides pour le chômage et le RMI. « Du coup, si l’on compare à une date donnée (ici 2005) la contribution globale au budget des administrations publiques avec le volume des aides versées, les immigrés apparaissent favorisés par rapport aux nationaux. ». S’ensuit une phrase que je trouve très complexe et qui est résumée ainsi deux lignes après : « En somme, les immigrés étant proportionnellement peu représentés parmi les plus de 60 ans, qui sont les premiers bénéficiaires de la protection sociale (maladie et retraite essentiellement), leur poids dans les comptes sociaux reste faible, et ce malgré un taux de chômage élevé. Sur un strict plan budgétaire, la présence d’immigrés est même positive, du fait de l’apport régulier d’individus actifs. »
On peut faire ici une grosse différence entre le sens original et réel d’immigrés avec celui que comprend la population (enfin je pense). Je veux dire que le fils d’un immigré, s’il a la peau un peu colorée, a toutes les chances d’être considéré à son tour comme immigré. Ce qui fait qu’en réalité, je pense que les Français natifs se moquent du poids des immigrés au sens premier du terme dans les comptes sociaux, et de là vient la difficulté, à partir de quelle génération n’est-on plus un immigré ?
« Cet apport pourrait même être plus fructueux encore si la France parvenait à attirer des populations étrangères plus qualifiées, donc moins sensibles au chômage et avec des salaires plus élevés. »
Si on mettait en place l’immigration contrôlée et choisie (comme c’est le cas au Canada) ? Ça ne se ferait pas quand même dans un pays aussi gentil que le nôtre.
Immigration et chômage.
La question de savoir si les immigrés prennent le travail des chômeurs Français (natifs et autres) est vite traitée. « C’est une illusion de mettre face à face le nombre d’immigrés et le nombre de chômeurs en pensant qu’ils sont substituables, estime Patrick Simon, démographe à l’Institut national démographique. Il y a des effets rémunérations, des effets compétences et de spécialisation dont il faut tenir compte. »
(Un argument de moins pour Mme Le Pen). On nous apprend après que la présence des immigrés est même bénéfique car en cas de problème, ce sont eux qui prennent d’abord, ce qui protège les natifs. Seulement le chômage est de l’ordre de 15% pour les populations d’origine africaine en France quand il est aux alentours de 9% quand on prend l’ensemble de la population française. L’immigration nous apporte donc surtout des chômeurs, ce qui rejoint l’étude faite dans la partie Immigration et aides sociales.
L’article se termine rapidement sur le fait que l’immigration ne peut pas par contre pallier le vieillissement de la population.
Ce que j’en conclus
(parce que jusque là je n’ai fait que vous le résumer), c’est que je suis dubitatif sur l’apport de l’immigration, disons de l’immigration que l’on connait (le coup d’étrangers communautaires déjà, il m’énerve). Bien sûr, si les immigrés correspondaient pile poil aux offres d’emploi en attente, je n’aurais rien contre, mais ce n’est pas le cas.
Si l’immigration ne venait pas emplir nos banlieues déjà pleines et déjà abandonnées par le pays, si elle ne renforçait pas les tensions entre natifs et immigrés ou fils d’immigrés, si elle n’accentuait pas le communautarisme, je n’aurais rien contre.
Mais là, pour le coup, je reste dubitatif, et on peut s’indigner de vouloir revoir le contrôle aux frontières, je me dis que c’est peut-être pas plus bête. Calmer l’immigration, ça sonne un peu frontiste, mais ça ne sonne pas mal.